On the way

Douleur, dépossédé de soi, violence des échanges et futur antérieur.
Idéal encrassé ou exigence reine?
Elle assite impuissante aux destins ordinaires.
Destin ou catacombe, y prendre part ou pas,
O question vagabonde.
Elle pourrait s'amuser,
La route est bien sommaire.

burp

Le GPS prothèse empêche d'embrasser la route,
D'hésiter entre deux chemins
Et d'explorer une carte.
Délit de gourmandise territoriale à la porte,
Vive l'obésité informationnelle.

Reproduction

La ville semble au bord de l'effondrement;
Ses habitants sont fourrés dans des voitures métalliques
Comme des petits pains dans un four proche de l'indigestion,
Le moindre grain de sel fait gripper la machine.
Tout cela est complètement fou
(et pourtant ils pondent).

Colère

Qu'est-ce qu'un quart d'heure?
Pas grand chose.
Mais l'attente sur le quai
Sans autre information qu"une "perturbation",
L'arrivée au compte-goutte de trains bourrés à craquer,
L'enfournement pour finir, lassée d'attendre.
Peur que son sac reste coincé, coups de fesses, remarques aigres.
Mais quoi! La ville est-elle folle au point
Que l'on construise toujours plus sur des lignes de métro saturées?
Et 100 000, 200 000, 300 000 mètres carré,
Pour se faire élire, s'ériger une gloire, une fortune.
Les conducteurs de métro sont-ils condamnés
A rouler au pas dans la peur d'arracher un bras?

Anomalie

Allume-toi connard dit-elle en appuyant sur son i-pod.
Puis elle entame une conversation en tête-à-tête avec ses fantômes intérieurs:
Il s'appelle Hervé; et elle se frappe la tête.
Ses voisins voyageurs lèvent à demi les yeux,
S'en vont gênés, vaguement inquiets.
Elle pourrait les taper aussi? Ou éternuer sur eux
En projetant bruyament morve et crachat.

Abysses

Des tonnes de béton sur la tête
Les néons en barrette
Trompent cette impression
Et nous rassurent un temps.
Que la foule gronde
La lumière tombe
Le ciel s'effondre

Escapade

La salle est comble de désirs et rancœurs variés,
Et vibre d'inquiétudes conjurées par l'envie de parler.
Vider son sac en public:
C'est la démocratie participative.

Il est là discret au premier rang,
Prêt à bondir au premier appel,
Saisir sa ville à bras le corps,
La couvrir de projets.
Il est plus passionné que ses administrés,
Maîtrise bien des subtilités.
Quelle force et quel courage lui donnent ce charme inattendu?
Epinay sur Seine, octobre 2008
Epinay sur Seine, octobre 2008


Trench

Telle une grenouille en imper rouge,
Son babil au téléphone
Déformé par mes écouteurs
Ressemble à un croassement.
Elle pouffe,
Et le volume s'amplifie.
Pourquoi est-elle venue s'asseoir
Sur le siège à côté de moi?
Paris 18ème, aout 2008
Parc de Choisy, aout 2008

Nanterre, août 2008




Pantin, juin 2005

100% viscose

La bande grotesque de pantins en costume
Avance en colonne,
Corsetée par les arcades de l'immeuble.
Ils portent des tissus de provenances diverses,
Tombé souple,
Coupes chics du prêt à porter mondialisé.
Pétrole, coton post-déforestation, tanneries infectes et ateliers d'enfants;
Mon étiquette made in India dépasse.

A plat

La vitrine informatisée,
Prodige de ce siècle,
Est un réel progrès:
Au lieu de baguenauder devant quelques annonces,
Le passant est terrassé par 6-10-15 écrans plats,
Zappant si vite qu'il est contraint d'abandonner.
Helsinki, mai 2008













































Helsinki, mai 2008


Olympiades, octobre 2007


Nanterre septembre 2007


Nanterre mars 2008

Batignolles, juin 2007
Somme, décembre 2007

Presse

Les Kenyans se déchirent,
Je regarde le peuple du métro du haut de l'escalier.
Tous les cheveux semblent noirs, les yeux encore plus sombres.
Les regards vagues dissimulent-ils la tristesse insondable du monde?
Certains lisent. Le Kenya mais surtout
Mots croisés, potins, journaux officiels,
Quelques livres.
Le train dans le tunnel semble aller nulle part.
Beaux-Arts, novembre 2007

Krach?

Il lit les Echos dans le métro, pages marchés.
Titres abscons, le Japon pris au piège de son marasme intérieur,
Les hommes jouent avec les millions sans considérations humaines ou écologiques.
Il a l'air absorbé, yeux d'acier passionés, costume gris compassé.
A peine quelques poils, la raie bien propre de côté, il machonne son pouce.
Wall Street tempère son recul Tokyo a déjà plus perdu qu'en 2007
La place de Hong Kong plonge, Bombay abandonne:
S'interroge-t-il sur la vanité du monopoly géant?

Jungle

Des trains illuminés
Comme des serpents rampent
Dans la mégapole,
Ils cisaillent les chenilles
De voitures engluées
Sur les berges; les têtes
Plutôt noires ou grises
Défilent sagement assises.