Les Papeteries de la Seine, novembre 2011







Méditerranée

Le bleu profond et immense enveloppe tout
D'une chape de bonheur apparent.
Le doux bruit de la mer, la caresse du sable et du sel
Ajoutent une fine couche d'illusion.
Tout est simple en surface, l'esprit est engourdi,
La vie comme l'horizon sourit.
Et si c'était si simple?

Canicule

Ambiance tropicale, vent, chaleur, ciel plombé,
Mais pas de rhum, pas de joie.
Horaire d'été, correspondance sur un quai désolé :
Des immeubles expriment la chaleur par les fenêtres ouvertes,
Des cris d'enfants cernent la gare de Bécon.

Jaune et bleu

 Les terrasses de Nanterre, juin 2013 (Wilmotte, X'Tu, ANMA arch.)





Entre deux talus

La tranchée ferroviaire
tranche dans l'histoire de la ville ;
tag / vieilles réclames / fougères / coquelicots.
Nostalgie puissante, poésie de la friche,
un instant la ville galopante s'arrête.
Nanterre, couverture du RER A à Nanterre Université, juin 2013





Grève

Je reste sur la grève, pas de train, quelques instants perplexe.
Puis, charme de Paris, je prends un chemin de traverse,
coupe au hasard les Batignolles.
Petites rues, vieilles échoppes,
salons de massage thaï ou plus louches,
à droite, à gauche, un passage étroit et provincial.
Me voila à Villiers,
retour en (sou)terrain connu.

Hiver indien

Ce temps démesurément gris semble suspendre le temps:
qui s'arrête tout en passant plus vite, comme une parenthèse angoissante.
Le printemps n'est toujours pas là mais l'été arrive,
où sont passés ces trois mois,
et cette légèreté de la lumière qui revient et fait monter la sève?
L'homme est un peu végétal et a besoin des saisons pour donner ses fruits.
En attendant, les bourgeons éclosent, bien obligés,
recroquevillés dans le froid automnal.

Bibliothèque

Devant tant de livres, lus ou non lus, le temps défile, riquiqui.
Les garder pour se donner l'impression de le retenir?
Ou s'en débarrasser pour imaginer que tout reste possible?

Pluie de printemps

Le paysage est gris et les sols détrempés,
mais la lumière vibrante et les herbes et les arbres
nous parlent du printemps, comme un souffle d'air frais
donnent un soupçon de joie au contexte morose.
Mensonge d'état, mensonge d'entreprise :
Comment travailler, croire et avancer
dans cette impunité technocratique?

Premier septembre

L'été nous congédie à grand coup de pluie et de vent ;
Fraîcheur annonciatrice des frimas ou plutôt
Semonce nous poussant à rentrer sans trop renâcler.
La mer reste chaude pourtant, agitée par l'écume,
Et lisse la plage désertée.
Marseille, nouveaux musées (comme s'il en pleuvait), mars 2013



Marseille, J1, mars 2013



 


Le salon de l'immobilier

Les tentes sont blanches, les tapis rouges,
La mer est bleue, et le ciel vire au noir.
Gris et noirs les costumes, de préférence rayés,
Chaussures pointues, noires aussi,
Au pied des businessmen en cohorte, en goguette à Cannes.
Le champagne, blond, coule à flot,
La matière grise est terne, bien triste,
Comme la ville qu'elle dessine.
Aux abords de l'île Seguin, février 2013



calme plat

Le corbeau monte la garde, noir dans son manteau blanc,
Les pigeons tournent et volent, comme insensibles au froid;
Aucun humain en vue: la neige gèle leurs pas,
La ville est aux oiseaux!
Marina Baie des Anges, Villeneuve-Loubet, décembre 2012