Cette chaleur

L'enfer est parfois doux.
Compressés, debout, ballottés par le train
Qui n'avance que par à-coups;
Excédés, déprimés, résignés,
Ils se souviennent cependant parfois qu'ils ont un corps
Fait pour aimer plus que lutter,
Se réchauffer plus que pousser,
S'abandonner au lieu de rester droit
Planté comme un piquet dans le wagon hostile.
Une douce chaleur envahit des couples improbables,
Unis par les lois du hasard et du chassé-croisé:
"Laissez descendre avant de monter".
Dieppe, décembre 2010

Metro botox

Jour après jour les traits se tirent
La gravité fait son œuvre,
Le temps passe sur les yeux et les joues.
Entassés debout dans les carlingues trop vite vieillies,
La routine effroyable joue.
"Direction Porte Dauphine, prochain train dans une minute."
Et le soir direction Nation, bientôt l'on ne saura plus où descendre.

Hockey sur glace

Dans la banlieue blanche, sous la neige,
Le RER file rempli de voyageurs molletonnés.
Avec toutes ces couches superposées,
Chacun prend plus de place,
Et l'heure de pointe se transforme
En sardinade polaire.

I'll be your mirror

Face à face
Du mauve sur les yeux fermés de la blanche,
Du mauve sur les yeux fermés de la noire,
Leur visage défroissé du matin pose calmement
Telles deux statues de noir vêtues
Bien sages sur leur banc.